Le monde des moteurs regorge d’entreprises florissantes. Pourtant, si l’on demandait à un enfant d’en dessiner une, il la colorierait presque certainement en rouge, comme les Ferrari. Car aucune marque ne rivalise avec le Cavallino Rampante en termes de charme et de tradition.
Chaque nouvelle sortie est immédiatement reconnaissable, grâce à l’identité précise qui lui a été conférée dès sa fondation en 1929 à Modène, avant que le siège ne devienne Maranello, terre d’Enzo Ferrari, connu de tous sous le nom de Drake. Une personnalité énergique, volcanique, capable de se faire de nombreux amis, mais aussi des ennemis.
Après une brillante carrière de pilote, il se consacre pendant les dix premières années à la préparation des bolides de course d’Alfa Romeo. Cependant, ce rôle commence à lui peser au fil du temps, jusqu’à devenir étouffant. En désaccord avec les directives du constructeur milanais, le futur Commendatore (autre surnom qui lui est donné) prend la décision audacieuse de mettre fin à leur collaboration.
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La séparation d’Alfa Romeo
C’est ainsi qu’en 1940, il dévoila sa première voiture : l’Auto Avio 815 de compétition. Sept ans plus tard, la marque Ferrari fit ses débuts avec la 125 Sport, une barquette propulsée par un moteur 12 cylindres de 1,5 litre, capable d’atteindre 190 km/h. Le véhicule obtint des résultats modestes en course, mais joua néanmoins un rôle crucial dans le développement de la jeune entreprise.
Service de presse Ferrari
La Ferrari 125 Sport a ouvert une page d’histoire qui se poursuit avec succès encore aujourd’hui.
Très vite, l’équipe sportive a remporté des succès notables, tels que les deux Mille Miglia et les deux Targa Florio, remportées par Clamente Biondetti au volant de la 166 Inter et de la 250 S. De plus, sur une 166 MM, Luigi Chinetti et Peter Mitchell-Thomson ont triomphé aux 24 Heures du Mans en 1949.
Les débuts en Formule 1 ont eu lieu le 21 mai 1950 lors du Grand Prix de Monaco, deuxième épreuve de la saison. Lors du Grand Prix inaugural, disputé le 8 mai en Grande-Bretagne, l’équipe a renoncé en raison d’un désaccord sur le recrutement des pilotes, préférant courir en Formule 2 à Mons, en Belgique, où elle a monopolisé le podium.
Sur le circuit monégasque, Ferrari termine à la deuxième place avec Alberto Ascari au volant de la 125 F1. Ce même Ascari offre deux titres mondiaux à la marque en 1952 et 1953, suivis par les exploits de Juan Manuel Fangio en 1956 et Mike Hawthorn en 1958. À la fin des années 50, six Mille Miglia, cinq titres mondiaux Sportprototipi, trois 12 Heures de Sebring, deux 24 Heures du Mans, deux Carrera Panamericana et une Targa Florio ont été remportés.
L’arrivée des voitures de route
À l’époque, Ferrari se concentrait sur la compétition sportive, la grande passion d’Enzo. Néanmoins, la création de la Carrozzeria Scaglietti en 1951 a marqué un tournant important. Elle est en effet devenue l’usine dédiée à la fabrication des carrosseries et des châssis, permettant à Ferrari d’avoir un meilleur contrôle sur ses créations.
Vers la fin de la décennie, Enzo lança la production de la Dino, nommée en hommage à son fils malade. Ce fut le plus grand succès de tous les temps, une déclaration d’amour d’Enzo pour les voitures et sa famille. C’est ainsi que commença l’âge d’or de la société. La qualité artisanale associée à la rareté rend la valeur de ce chef-d’œuvre sur quatre roues exorbitante sur le marché des collectionneurs.
La Ferrari la plus chère jamais vendue aux enchères est toutefois la 250 GTO de 1962, vendue pour la somme record de 51,7 millions de dollars, soit près de 48,3 millions d’euros. Elle reste la seule Tipo ’62 à avoir été utilisée en course par la Scuderia. Auparavant, la séduisante 250 California de 1957 avait été lancée.
Le cœur de l’activité restait la course, où Ferrari l’emportait souvent sur la concurrence, même en F1 avec les victoires des Britanniques Phil Hill et John Surtess. Parallèlement, les admirateurs, désormais présents aux quatre coins du globe, étaient éblouis par les voitures de route.
Le sommet est atteint en 1967, avec la première mondiale de la Dino 206 GT, un « petit » coupé propulsé par un six cylindres de 2,0 litres et 180 ch. L’année suivante, la 365 GTB/4, connue sous le nom de Daytona, fait son apparition.
L’accord avec Fiat
Malgré les exploits réalisés sur tous les fronts, un scénario incertain commença à tourmenter le Commendatore. Après l’échec des négociations avec Ford, qui considérait désormais Ferrari comme son ennemi juré, le constructeur fut sauvé en 1969. L’intervention de Fiat fut providentielle, qui acquit 50 % des parts de la Rossa pour 22 millions de dollars. En vertu de l’accord signé, Ferrari conserva une certaine autonomie dans la gestion du domaine sportif, tandis que le Lingotto fournirait le soutien financier et industriel nécessaire pour poursuivre le développement de voitures d’exception.
Sur un terrain adjacent à l’usine de Maranello, l’écurie a inauguré en 1972 la piste d’essai de Fiorano, destinée à tester ses voitures de course. Le record du tour le plus rapide appartient toujours à Michael Schumacher, qui l’a établi au volant de la monoplace F2004.
Les années 70 ont confirmé la suprématie technique de Ferrari, capable de faire mordre la poussière à ses concurrents dans d’innombrables défis, notamment grâce à Mario Andretti. Luca Cordero di Montezemolo, qui est entré dans l’entreprise à l’âge de 26 ans et a rapidement gravi les échelons, a eu une influence considérable sur la fortune de l’entreprise. En F1, Niki Lauda, vainqueur de deux championnats du monde en trois ans, et Jody Sheckter (le dernier à s’imposer avant l’ère Schumi) ont connu la gloire. Au niveau des voitures de route, 1975 a vu le lancement de la 308 GTB.
Du déclin des années 80 à la relance
La crise qui frappa Ferrari dans les années 80 fut inattendue, la marque étant décimée par des performances insatisfaisantes en F1, qui eurent également des répercussions sur les ventes.
Le décès d’Enzo Ferrari en 1988 rendit cette période encore plus difficile. Pourtant, trois supercars destinées à marquer un tournant dans l’évolution de la marque virent le jour : la 288 GTO, la Testarossa et la F40.
Peu de voitures ont su laisser bouche bée comme la Ferrari Testarossa
Les années 90 ont vu l’arrivée de la 550 et de la 360 Modena, ainsi que d’un pilote allemand au talent exceptionnel : Michael Schumacher. Le directeur de l’équipe, Jean Todt, a construit tout le projet de F1 autour de lui, ce qui a été récompensé par cinq titres de champion du monde des pilotes et six titres de champion du monde des constructeurs.
Le doublé s’est répété en 2007, cette fois avec Kimi Raikkonen. Entre-temps, les spectaculaires Enzo et F430 ont fait leur apparition.
L’année 2008 a marqué l’arrivée de Sergio Marchionne au poste de directeur général (aujourd’hui occupé par Benedetto Vigna) et l’introduction en bourse. La gamme Ferrari reste l’une des plus luxueuses, même si elle est moins radicale, au point d’accueillir en 2022 la Purosangue, la première quatre portes et quatre places du Cavallino Rampante.
Les origines de la marque et de la couleur
La célèbre marque trouve ses racines dans la Grande Guerre. À l’origine, elle accompagnait l’aviateur romagnol Francesco Baracca, mort en 1918 à la fin du conflit.
Cinq ans plus tard, Enzo Ferrari fit la connaissance des parents de Francesco, les comtes Enrico et Paolina Baracca.
C’est la dame qui, voyant dans les exploits d’Enzo la détermination de son fils, lui conseilla de mettre l’emblème sur ses voitures car cela lui porterait chance. Jamais prédiction n’eut été plus juste.
La couleur rouge fut initialement adoptée car, conformément au règlement, c’était la couleur de l’Italie dans les courses. Bien que cette obligation ait été supprimée en 1968, elle reste un pilier de la marque.