Posséder un véhicule de caractère, léger, ouvert sur le monde et d’une simplicité mécanique réjouissante est un rêve pour beaucoup. Mais avant de sauter le pas, il faut prendre le temps d’évaluer si ce choix correspond à votre réalité, à vos usages, et à votre budget. Cette voiture iconique attire autant les passionnés de vintage que les curieux de la conduite décontractée, et pourtant, certaines erreurs peuvent coûter cher. Cet article vous guide pas à pas, en posant les bonnes questions dès le départ, pour faire un achat éclairé et éviter les déconvenues.
Comprendre l’esprit Méhari avant l’achat
Une voiture pas comme les autres
La Citroën Méhari n’est pas une voiture classique. Elle est à la croisée du buggy de plage, du petit utilitaire rustique et du cabriolet bohème. Pensée à la fin des années 60, cette voiture en plastique ABS repose sur une base de 2CV : châssis tubulaire, moteur bicylindre, suspensions souples et philosophie minimaliste. Sa légèreté est aussi son atout principal, notamment sur les chemins accidentés ou les petites routes de campagne.
Le charme d’un objet roulant atypique
Conduire une Méhari, c’est choisir un mode de vie. Elle attire les regards, provoque les discussions à la pompe à essence, et donne l’impression de rouler dans une époque révolue. Pas d’assistance, pas d’ABS, très peu d’électronique. Et ce n’est pas une voiture confortable dans le sens moderne du terme : c’est une voiture plaisir.
Évaluer vos besoins avant de foncer
Avant même de chercher une annonce, il faut savoir ce que vous attendez de votre future Méhari. Est-ce une voiture de collection, un utilitaire pour une maison secondaire, un véhicule de balade du dimanche ? Ces usages auront un impact sur le modèle que vous choisirez, l’état attendu, et même le budget à y consacrer. À titre de comparaison, le prix d’une Méhari neuve (ou plutôt d’une réplique neuve construite à l’identique) chez un professionnel peut dépasser les 25 000 €, alors qu’un modèle d’origine dans son jus peut se négocier entre 8 000 € et 15 000 € selon les régions.
Modèles, motorisations et versions : bien s’y retrouver
Méhari 2 places ou 4 places ?
Deux types d’homologation existent : certaines Méhari sont enregistrées en deux places avec plateau arrière, d’autres en quatre places avec banquette. Ce détail a un impact sur l’usage, mais aussi sur le contrôle technique, l’assurance et la carte grise. Vérifiez bien ce point avant tout achat.
Méhari 4×2 ou 4×4 ?
La version 4×4 est une perle rare. Produite à moins de 1300 exemplaires, elle est recherchée des collectionneurs. Mais son entretien est plus pointu, et les pièces peuvent être difficiles à trouver. Pour un usage loisir, la version deux roues motrices suffit amplement dans 90 % des cas.
Moteur : 435 ou 602 cm³ ?
Les Méhari ont connu deux motorisations : le petit bicylindre de 435 cm³ (issu de la 2CV ancienne) et le 602 cm³ (issu de la 2CV6). Ce dernier est plus agréable à l’usage, notamment en côte ou en usage à deux passagers. Il est également plus facile à entretenir grâce à la large disponibilité des pièces.
Ce qu’il faut inspecter avant l’achat
Châssis : le point critique
Le châssis est le nerf de la guerre. Même si la carrosserie en ABS ne rouille pas, le châssis, lui, peut être gravement attaqué. Il doit être examiné de près : longerons, traverses, points d’ancrage, tout doit être sain. Un châssis changé (en neuf ou galvanisé) est un bon point, mais il faut qu’il ait été posé dans les règles.
Carrosserie : attention aux fissures
L’ABS résiste bien au temps, mais des fissures peuvent apparaître, surtout autour des fixations ou des zones de stress. Vérifiez l’état des pare-chocs, des arches, des portes et des passages de roue. Un véhicule repeint ou verni peut cacher des réparations.
Train roulant et direction
Contrôlez les jeux dans la direction, les amortisseurs, les roulements. Une Méhari bien entretenue ne doit pas faire de bruit suspect sur route. Attention aux restaurations faites à la va-vite ou sans expertise.
Électricité et faisceau
L’électricité peut être source de tracas. Vérifiez que tout fonctionne : clignotants, feux, klaxon, essuie-glace. Le faisceau électrique peut vieillir, être bidouillé, ou en mauvais état. Un faisceau refait est un vrai plus.
Acheter chez un pro, un particulier ou restaurer soi-même ?
Les annonces entre particuliers
Souvent plus abordables, elles demandent une grande vigilance. Il faut connaître un minimum la mécanique ou venir accompagné. L’historique du véhicule est rarement complet, mais certaines trouvailles sont encore possibles.
Les restaurateurs spécialisés
Ils proposent des Méhari refaites à neuf, garanties, immatriculées et souvent modernisées. Le prix est plus élevé, mais le risque bien plus faible. Des plateformes comme Dinatel.fr répertorient aussi des prestataires reconnus.
Restaurer soi-même ?
C’est un projet passion. Il faut de la place, du temps, des outils et une bonne dose de motivation. Si vous aimez mettre les mains dans le cambouis, cela peut être l’occasion d’apprendre. Mais attention à ne pas sous-estimer le temps et le budget nécessaires.
Immatriculation, assurance et carte grise
Statut collection ou pas ?
Une Méhari peut être immatriculée en carte grise normale ou collection. La deuxième offre plus de souplesse sur le contrôle technique (tous les 5 ans) et l’assurance (tarif collection), mais restreint parfois l’usage (trajets domicile-travail par exemple).
Assurance : des tarifs variables
Les assureurs proposent des contrats spécifiques aux véhicules de collection. En général, c’est très abordable. Comptez entre 50 € et 150 € par an. La seule contrainte : justifier que vous avez une voiture principale.
Contrôle technique
Obligatoire tous les deux ans pour une voiture normale, tous les cinq ans en collection. Il ne faut pas le négliger : même si la voiture semble saine, un contrôle défavorable vous empêche de rouler.
Entretien courant : facile mais fréquent
Une mécanique accessible
Le moteur de la Méhari est simple, fiable, et se répare avec peu d’outils. Les pièces sont largement disponibles, souvent communes à la 2CV. Les vidanges, les bougies, l’embrayage ou les freins peuvent être faits maison.
Prévoir du temps
La Méhari est rustique, mais elle demande de l’attention. Il faut vérifier régulièrement les niveaux, les durites, les freins. L’absence d’électronique rend tout plus simple, mais aussi plus manuel.
Budget d’entretien
Prévoyez 200 à 400 € par an en entretien courant, hors grosses réparations. Un bon garage spécialisé peut vous éviter bien des tracas.
Usages quotidiens : peut-on rouler tous les jours en Méhari ?
Ce n’est pas une voiture moderne
Elle freine moins bien, tient moins la route, et est bruyante. Elle se conduit autrement, demande de l’anticipation, et n’aime ni l’autoroute ni la grande vitesse.
Pour les trajets courts, c’est le bonheur
En ville ou en campagne, par beau temps, elle est parfaite. Ouverte, légère, économique. Mais attention à l’hiver, à la pluie, au froid : il faut aimer le courant d’air !
Une deuxième voiture idéale
Elle n’est pas faite pour tout faire. Mais pour les courses du dimanche, les balades ou le plaisir de la mécanique, elle est imbattable.
FAQ
Quel est le prix moyen pour acheter une Méhari ?
Cela dépend de l’état et du vendeur. Entre 8 000 € et 15 000 € pour un modèle fonctionnel, et jusqu’à 25 000 € pour une restauration complète.
Est-il possible de rouler tous les jours avec une Méhari ?
Oui, mais ce n’est pas confortable. Elle reste bruyante, exposée, et rustique. C’est une voiture de loisir, pas une voiture moderne.
Quels sont les frais d’entretien annuels à prévoir ?
Comptez entre 200 et 400 € pour un usage occasionnel, hors grosses réparations. Les pièces sont abordables, mais la main d’œuvre peut coûter cher si vous ne faites rien vous-même.
Faut-il une carte grise collection ?
Non, mais c’est conseillé. Moins de contrôle technique, assurance réduite, et usage loisir facilité. Mais pas indispensable.
Où trouver une bonne Méhari ?
Chez un restaurateur spécialisé, sur les sites de petites annonces, ou via des réseaux passionnés. Prenez le temps de comparer, d’essayer, et de vérifier chaque point clé.
Acheter une Méhari, c’est entrer dans une petite tribu. C’est accepter de rouler différemment, de bricoler un peu, mais aussi de savourer chaque trajet comme une fête. À vous de voir si cette voiture à ciel ouvert est prête à faire partie de votre quotidien.